Mardi 3 mars « Cap sur le Sahel »

Publié le par Action Sans Frontière

                                                                                 Une semi-remorque, le car et la voiture intendante composent le convoi qui monte vers le Nord Est en direction de Dori et de Gorom Gorom ; porte du Sahel. Rapidement, le paysage change. L’aridité est encore plus frappante. Il n’y a presque plus d’arbres à feuilles persistantes. Les villages sont plus rares en bordure de route. Quelques monticules de pierres apparaissent. Au loin, le sol devient plus blanc, signe du sable proche.

     Michel Le Berre nous propose une halte dans la ville de Bani, haut lieu sacré de la confession musulmane. Neuf mosquées composent le paysage de  cette ville dont sept sont utilisées, comme les sept jours de la semaine. Les Maliens, les Nigériens et autres peuplades voisines sont des habitués des lieux. La mosquée principale est incrustée en plein centre. Cent piliers soutiennent la plate-forme principale.

     Un des minarets est en travaux. Les enfants et les adultes composent les boules d’argile qui sont ensuite hissées, par chaîne humaine, jusqu’ au sommet, où « les maçons » façonnent les murs. Le soleil finit le travail rapidement. Le thermomètre doit frôler les 40°.

     Bani est très visitée sauf en cette période un peu chaude. Cet intermède touristique est très plaisant.

     A Dori nous sommes accueillis par Alain Kombéré, gestionnaire de l’association « Union Fraternelle des Croyants » qui dispose de deux structures : l’une à Dori, l’autre à Gorom Gorom.

L’objectif de cette institution est de prolonger la volonté du père Bidaud de rapprocher les communautés catholique et musulmane, pour qu’elles se parlent et s’adressent à toutes les populations du sahel.


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Un rappel de l’historique :


    
- 1963 : Le père Bidaud, Mr Cissé et l’imam  de Dori créent une entité qui s’adresse au peuple du Sahel. Les dons affluent mais la distance et les différences entre les ethnies rendent la distribution difficile. Ils font appel à la population musulmane. C’est ainsi que nait ce rapprochement entre les  gens des deux confessions, malgré la disproportion puisque seulement 1% de la population est catholique

     - Aujourd’hui, le conseil d’administration de l’association conserve le principe de parité puisque 25 membres sont catholiques et 25 autres musulmans. Les membres sont bénévoles à l’exception de ceux qui composent l’équipe technique. L’association à un but non lucratif. Elle investit tout dans des nouveaux projets. 

Ses objectifs : 

     - D’abord moral. Le plus important : faire communiquer les deux communautés. Maintenir leur union. Maintenir le dialogue inter religieux et inter culture. Alain précise que c’est une réussite.

     - Ensuite créer des activités pratiques qui concrétisent les liens : C’est ainsi qu’il y a des ateliers de cuisine, de couture, de mécanique, de conduite automobile. Il y a aussi des formations pour l’acquisition de compétences autour de la création de « bouli ». Ces compétences peuvent ensuite être utilisées sur des projets programmés par tel ou tel village. (La définition du « bouli » vient plus tard).

     - Toutes ces activités sont la base de formation sociabilisant : alphabétisation, calcul économique, etc… Plutôt que de faire des formations magistrales, elles se réalisent par la participation aux activités. 

Son financement : 

     - Il n’y a aucune aide financière.

     - Les projets sont financés par des partenaires extérieurs (hollandais, allemands, français).

     - Les compétences acquises par UFC peuvent être exportées moyennant rétribution.

     - Par contre, l’aide technique est réelle. Par exemple en équipement pour la réalisation du « bouli ».
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     Alain  apprécie beaucoup notre principe d’aide par le convoyage directe. L’acheminement par container n’est pas aussi fiable !

     D’autres ONG interviennent sur des projets bien définis. Une ONG japonaise travaille dans le domaine de l’environnement. La ville de Dori, comme d’autres, regorgent d’affiches annonçant des programmes sur la santé,  l’agriculture (coton), l’alimentation, etc…

     A la question : et l’Afrique ? Quelle vision en as-tu ? Alain répond en affichant un optimisme. L’importance que prend « La femme » dans la société le réjouit et est pour lui une des pistes d’évolution. La femme peut s’exprimer, faire et décider ; elle devient plus crédible que certains hommes des villages. Les compétences acquissent restent ancrées localement. Est-ce une vision par rapport à ce qu’il pratique dans son association ? Non, il généralise au Burkina.

     Et la place du jeune ? La scolarisation atteint 40%. La formation complémentaire est proposée par les associations. Il manque des programmes scolaires spécifiques pour les jeunes garçons notamment : la mécanique entr’autre. Pour l’informatique c’est trop tôt. L’électricité manque, donc l’intérêt d’équiper en matériels informatiques n’est pas d’actualité. Idem pour des machines à écrire…

     Une composante de l’association UFC réunit des jeunes dans le groupe « Jeunesse Lucien Bidaud » toujours dans le même esprit : maintenir l’esprit UFC et si possible l’exporter dans d’autres régions du pays.

     Bravo à tous ces gens qui font preuve de beaucoup de volonté et d’abnégation pour conduire cette entité.

     La journée se termine par un repas commun (ASF-UFC), où nous dégustons le fameux TÔ-farine de maïs ou sorgo cuite à l’eau et accompagné d’une sauce relevée.  

     Le lendemain, nous « poussons » jusqu’à Gorom Gorom : traduisez ce terme par « Asseyez-vous, prenez le temps ». C’est le site de la première paroisse (St Abraham) du père Bidaud. Quelques colis ont été chargés  à destination de l’orphelinat tenu par les sœurs de l’Assomption, congrégation de Bobo Dioulasso. Cinquante kilomètres de piste séparent Dori de Gorom Gorom. Après dix kilomètres, Alain Kombéré arrête le convoi à hauteur d’un « Bouli maraîcher »

     Il existe 2 types de bouli « le maraîcher » et « celui destiné aux animaux ». Le bouli est un espace composé d’une cuvette artificielle qui reçoit les eaux de pluie, par drainage. Autour de cette cuvette, la terre est cultivée, amandée naturellement et arrosée par l’eau recueillie. Le bouli appartient à un village et est découpé en autant de lopins de terre ou parcelles que de familles, pour la culture de salades, pomme de terre, choux, carottes etc… tout ce qu’on peut trouver également chez nous. Très belle architecture au sol, agréable à l’œil qui a l’habitude des paysages arides. Cette fraîcheur nous « ravigote » l’espace d’une heure. Les hommes travaillent la terre et produisent. Les femmes assurent la vente des produits. Un modèle de culture bio !!! Les potagers vivent de la fin de l’hiver au début de la saison des pluies. (janvier à juin).

     A l’orphelinat de Gorom Gorom, Sœur Marguerite nous accueille et nous guide dans l’enceinte de ce bel espace. Sept personnes s’occupent des cinquante enfants de l’orphelinat. Les enfants ont entre 1 et 12 ans. Après 12 ans, ils sont placés dans des familles d’accueil ou des familles d’adoption. Nous avons la chance de côtoyer les tout-petits très affectueux et très intéressés par les peluches distribués. Un moment d’émotion. Les autres peuvent être scolarisés.

     A côté de l’orphelinat : maternité, dispensaire, pharmacie composent le reste de l’espace. Leurs équipements sont tout à fait corrects pour obtenir des conditions sanitaires normales. Cet établissement a été créé à l’initiative d’une ONG italienne qui en suit régulièrement le fonctionnement. Belle réussite dans un milieu difficile. Sœur Marguerite nous explique que le jeudi,  jour du marché, les consultations occupent trois infirmiers de 7h à 15h !! La consultation est facturée 1000 frs CFA. Si le malade revient avant 1 mois, on ne lui redemande pas cette somme.

     Nous partageons le déjeuner autour des produits du jardin et … d’un vin Toscan. Tient tient L’Italie !!!

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A
un bonjour de la Bretagne en particulier à René. La fin de l'aventure approche, tous les soirs nous suivons votre parcours et on vous imagine bien au chaud tandis qu'ici il ne fait que 0 degré le matin...Lilie a hâte de voir son papy (nous aussi)et de lui montrer ses jolies petites dents! Bon courage. Gros bisous à papa. Anne, Anne-Cécile et Lilie.
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D
Bonjour ASF, Bonjour Gilles<br /> merci pour vos recits de route, que l'on lit avec émotion au son de la musique du blog(auriez vous une liste des groupes?) <br /> la distribution continue et à chaque fois que vous arrivez a une nouvelle place et délivrez, cela me dresse les poils d'émotion. c'est beau ce que vous faites. C'est beau de le partager aussi. merci pour ce blog! bonne journée à vous. delphine : )
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